Sommaire

1ère page
-Sommaire
-Introduction
-Qu'est ce que l'ONU, sa structure ?
-Les textes fondateurs
-Les moyens d'actions

2ème page
-L'efficacité de l'ONU, les cas où elle a été efficace
-Différents cas où elle n'a pas été efficace
-Synthèse

3ème page
-L'ONU aujourd'hui, son action en ce moment
-Les limites de l'ONU
-Avenir et réformes

4ème page
-Interview
-Bibliographie

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Introduction

Depuis longtemps, le monde dans lequel nous vivons est marqué par les guerres et les conflits. Plus ou moins importants, internationaux ou non, tous les pays ont, un jour, eu à lever leur armée pour se défendre et préserver leurs intérêts.
Le 20ème siècle a été marqué par 2 guerres mondiales. D’abord la "grande guerre" de 1914 à 1918, puis la seconde guerre mondiale de 1939 à 1945. Ces conflits ralentissent l’économie, tuent des millions de gens, détruisent les villes, appauvrissent les populations et ne laissent, au final, qu’un sentiment de peur et d’instabilité.
Ces guerres sont le résultat de désaccords et de la volonté de gagner toujours plus de pouvoir et de territoires. Chacun veut défendre ce qui lui semble juste, veut se développer et créer plus de richesse que son voisin…

Mais comment créer un monde où tous les pays peuvent vivre en harmonie, où chacun peut défendre ses idées et ses intérêts sans risquer de créer désaccord, envie ou même conflit ? Comment parvenir à créer une entente, une alliance entre les états ? L’objectif est là : faire comprendre à chacun l’intérêt qu’ont les états à se rejoindre pour défendre leurs objectifs communs en faisant passer leurs divergences au second plan.
Mettre en place une « table » de discussion entre les états n’est-il pas un moyen de prévenir les conflits, d’instaurer le dialogue plutôt que les armes ?

De cette idée, naît, en 1919, la « Société Des Nations ». Instituée par Wilson, président américain, cette organisation intergouvernementale est la 1ère en son genre. En effet, elle est à visée politique et doit permettre d’être un lieu d’échange entre les états membres, le but étant de pouvoir prévenir tout conflit et de garantir la paix. La SDN est mise en place officiellement le 10 janvier 1920 avec l’entrée en vigueur du traité de Versailles. L’institution est soumise à un conseil permanent, composé de la France, du Royaume-Uni, de l’Italie, du Japon et de la Chine. Mais celle-ci ne convainc pas, elle n’est pas assez influente, ne dispose d’aucun moyen d’action : c’est un échec. En 1933, le Japon et l’Allemagne hitlérienne s’en retirent, puis l’Italie en 1937.

Commence alors la 2nde guerre mondiale …

Roosevelt, président américain, propose de remettre en place une organisation supra nationale, qui permettrait d’assurer l’entente et la paix entre les pays, à l’image des objectifs de la SDN. Mais il sait qu’il faudra accorder plus d’intérêt à l’organisation et qu’il faudra la doter de moyens d’action pour qu’elle ait, aux yeux des états, plus de crédit.
Il signe, le 14 août 1941 avec Churchill, 1er ministre britannique, la charte de l’Atlantique qui met en place une série de principes moraux pour l’avènement d’un « meilleur avenir pour le monde ».C’est la première étape de la construction des Nations Unies.
En janvier 1942, la Grande-Bretagne, l’URSS et la Chine se réunissent autour des Etats-Unis pour s’allier contre les puissances de l’Axe. Ils s’engagent en signant la Déclaration des Nations Unies, inspirée de la Charte de l’Atlantique, elle renforce d’avantage leur alliance. De là, 22 autres pays les rejoindront.
C’est lors de la Conférence de Téhéran en 1943, que l’Union Soviétique, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis s’engagent à créer dans les plus brefs délais une organisation internationale capable de résoudre pacifiquement les conflits.

D’autres réunions s’organisent par la suite, jusqu'au 25 avril 1945 à San Francisco où 51 Etats sont convoqués par les Etats-Unis afin d’établir la Charte des Nations Unies. Après deux mois de discussion, tous les Etats réunis signeront le document, qui sera ratifié par la majorité d’entre eux le 24 octobre.

L’Organisation des Nations Unies est officiellement créée.


Depuis 65ans, l'Organisation des Nations Unies œuvre dans le monde, à des fins humanitaires ou pacifiques.
Il est parfois difficile de se souvenir de ses actions qui ne nous apparaissent pas toujours comme étant évidentes.
On peut se demander si l'ONU dispose d'une réelle efficacité sur la scène internationale, de quoi sera fait son futur dans notre monde actuel ?

Pour répondre à cette question, nous chercherons d’abord à développer ce qu’est l’ONU, la manière dont nous pouvons la caractériser. Dans une seconde partie nous démontrerons que, si l’ONU a su être efficace dans de nombreux domaines, elle a pu montrer par moment des failles. Enfin, nous parlerons de la place qu’occupe l’ONU aujourd’hui, et de son avenir.

Qu'est ce que l'ONU ?

SA STRUCTURE


Ses organes centraux :

Pour assurer ses nombreuses fonctions , l’ONU a adopté une disposition entre les organismes la composant qui lui est propre. Elle se divise en 6 organes principaux :
-L’Assemblée générale, au centre de l’ONU, se compose des 192 états membres qui élisent les autres organes de l’ONU et qui se réunissent une fois par an lors des sessions ordinaires d’automne. Elle fait de simples recommandations.
-Le Secrétariat est la branche administrative de l’ONU. On trouve à sa tête un secrétaire général, actuellement Ban Ki-moon, élu pour 5 ans par l’Assemblée générale. Le Secrétariat général est chargé de veiller au bon fonctionnement de l’ONU et de tous les organismes qui la composent.
-Le conseil de tutelle est composé de 15 membres élus et est en charge de surveiller l’administration des états qui s’occupent de l’organisation des territoires qui n’ont pas encore obtenu leur indépendance. Cet organe est dirigé par le président du Conseil de tutelle actuellement Michel Duclos.
-Le conseil économique et social (ECOSOC) qui sert de consultant à l’Assemblée générale et les ONG lorsque des questions d’ordre économique, social, culturel, éducatif, de santé publique et de développement durable sont abordées par ces derniers. Il est dirigé par le président du conseil, Hamidon Ali.
-Le conseil de sécurité qui est l’organe exécutif de l’ONU est composé de 11 membres dont 5 permanents disposant d’un droit de veto : la Chine, les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et la Russie. Les 6 autres membres, quant à eux, sont élus tous les deux ans par l’Assemblée générale. Le conseil de sécurité a pour but de maintenir la paix et la sécurité en instaurant des sanctions internationales ou en autorisant une intervention militaire.
-La cour internationale de justice est chargée de régler les problèmes juridiques de certains états. Elle siège à la Haye, aux Pays-Bas.

Ses organes spécialisés :

Son objectif le plus connu étant le maintien de la paix, on oublie souvent que l’ONU par ses différents organes spécialisés, est présente dans de nombreux domaines mondiaux comme celui de l’économie, du social, du patrimoine intellectuel et culturel et dans l’humanitaire.
L’ONU s’investit dans le domaine de l’économie et du social surtout dans tous les pays situés dans l’hémisphère sud. Elle offre une aide considérable aux pays du «tiers monde» en débloquant un budget qui représente 70 à 80% de ses ressources totales en faveur de l’Organisation Mondiale de la Santé qui y lance des campagnes de vaccination, de l’UNICEF qui y construit des écoles et de l’UNESCO qui y organise des actions culturelles.

Bien sûr, l’ONU s’applique activement dans l’humanitaire mais ces organisations n’appartiennent pas toujours à l’ONU, ce sont alors des Organisations Non Gouvernementales. Dans le but de défendre les droits de l’homme, l’ONU emploie ces ONG au titre de consultantes en échange d’une contribution financière. Grâce à ces ONG comme Amnesty International, la Croix Rouge, Médecins sans frontière et pleins d’autres, l’ONU obtient des informations concernant les zones où elles sont implantées.

Les textes fondamentaux

La Charte des Nations Unies

Dès 1933, Roosevelt, président américain, a la volonté de créer une organisation qui permettrait de « réunir » les Nations. Pour cela, il s’est employé à faire signer progressivement par l’ensemble des alliés de la coalition anti hitlérienne, les principes de cette charte.
En 1941, Roosevelt et Churchill posent les bases qui constituent la Charte de l’Atlantique du 14 août 1941. Elle précise les principes fondamentaux d’un nouvel ordre mondial en interdisant les annexions territoriales et en rappelant le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Suite à la conférence de Téhéran de novembre/décembre 1943, les «3 grands » (Etats-Unis, URSS et Grande-Bretagne) conviennent de mettre sur pied une organisation élaborée par des experts. Elle est mise en place à la conférence de Dumbarton Oaks de septembre/octobre 1944.
C’est à la conférence de San Francisco, en avril 1945, que la Chartre des Nations-Unies est finalisée et que l’ONU est institutionnalisée.

La Charte est là pour permettre de créer un monde « juste et tolérant » par le progrès économique, social et intellectuel. Les principes démocratiques sont alors montrés en modèle.

La Charte préconise une organisation efficace et représentative, grâce à l’Assemblée Générale, lieu où chaque pays membre a un représentant possédant une voix. Pour garantir son efficacité et la mise en place de ses principes, l’ONU dispose du Secrétariat Général et d’un Conseil de Sécurité. Le rôle de ce dernier est prépondérant pour tout ce qui est question de sécurité et maintien de la paix.

La Charte des Nations Unies met en place ses principes et ses objectifs :
·        principes
-  l’égalité souveraine de tous les Etats quelle que soit leur taille ou leur puissance
-  la non ingérence dans les affaires intérieures de chaque pays
-  le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes
 le règlement pacifique des litiges entre les pays

·        objectifs
-  maintenir la paix
-  contribuer au développement économique, social et sanitaire
-  participer à la protection du patrimoine naturel des nations
-  développer les droits de l’homme et le respect des libertés fondamentales

                       
                       
                        La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme

Au cours de l’histoire, les conflits, qu’il s’agisse de guerres ou de soulèvements de population ont souvent été une réaction à des traitements inhumains et à l’injustice. La Déclaration anglaise des droits de 1689, rédigée à la suite des guerres civile survenues dans le pays a été le résultat de l’aspiration du peuple à la démocratie. 1 siècle plus tard exactement, la Révolution française donna lieu à la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen qui proclamait l’égalité universelle.

Après la seconde guerre mondiale et la création de l’ONU, la communauté internationale jura de ne plus jamais laisser se produire des atrocités comme celles commises pendant ce conflit. Les dirigeants du monde entier décidèrent de renforcer la Charte des Nations Unies par une feuille de route garantissant les droits de chaque personne en tout lieu et en tout temps.
Le document qu’ils examinaient et qui devait devenir la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH), fit l’objet de la 1ère session de l’Assemblée Générale qui examina le projet de déclaration sur les libertés et les droits fondamentaux et le transmit au conseil économique et social afin que celui-ci le soumette à l’examen de la commission des droits de l’homme.

La commission des droits de l’homme comprenait 18 membres de divers horizons politiques, culturels et religieux. Eléanor Roosevelt, veuve du président F.D. Roosevelt, présida le comité de rédaction de la DUDH. A ses côtés, le français René Cassin qui écrivit le 1er texte de la déclaration, le libanais Charles Malik, le vice-président Peng Chung Chang de la Chine et John Humphrey du Canada, directeur de la division des droits de l’homme des Nations Unies. Mais c’est madame Roosevelt qui a été la force qui a permis l’adoption de la Déclaration.

Le texte final rédigé par René Cassin fut remis à la Commission des droits de l’homme qui été réunie à Genève. Le 1er projet de déclaration fut proposé à la rédaction finale en sept 1948, avec la participation de plus de 50 états membres. Par sa résolution 217A (III) du 10 déc 148, l’assemblée générale, en réunion à Paris, adopta la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme avec les abstentions de 8 pays mais aucune contestation.

Les moyens d'actions

L’ONU dispose de nombreux moyens d’action mais elle reste limitée car la Charte stipule que l’ONU ne peut intervenir dans les « affaires qui relèvent essentiellement de la compétence nationale d’un état ».

Un des moyens les plus utilisés est la résolution.
L’Assemblée Générale des Nations Unies, tout comme le conseil de sécurité, peut émettre des résolutions. En revanche, celles émises par le conseil de sécurité restent plus contraignantes : ce sont des textes ayant une valeur juridique et consacrés dans le droit international par l’article 25 de la Charte des Nations Unies.
Il existe 2 types de résolutions : les recommandations et les décisions.

-         L’assemblée générale émet des recommandations qui ne possèdent pas de force d’obligation pour les états. Elle laisse généralement une grande latitude aux parties concernées pour régler la question par elles-mêmes.
Cela concerne des enquêtes, des négociations, des arbitrages et l’envoi d’observateurs avec, par exemple, les missions d’observation de la trêve en Palestine en 1948 ou du bon déroulement des élections palestiniennes en 2006, de l’inspection des installations militaires irakiennes entre 1991 et 2003 …
-         Le conseil de sécurité émet, quant à lui, des décisions. Elles sont plus fermes et ont une force d’obligation pour les états.

L’ONU peut aussi émettre des condamnations avec la mise en place de sanctions.
Ces mesures peuvent être économiques, telles que les blocus ou les embargos ; par ex : les condamnations de l’Iran depuis 2006 avec des sanctions de plus en plus importantes et contraignantes : certaines entreprises du pays sont elles aussi sanctionnées et un embargo a été imposé à l’Iran.

L’ONU dispose aussi de mesures militaires qui peuvent être pacifiques : envoi des casques bleus dans le cadre de missions de paix. Plus rarement, ces mesures militaires peuvent être guerrières avec des missions d’imposition de la paix qui implique une véritable intervention militaire armée contre un  état fautif : en Corée entre 1950 et 1953, au Congo entre 1960 et 1963, au Koweït en 1991 ou au Kosovo en 1999.

L'efficacité de l'ONU

Cas où les actions de l'ONU ce sont révélées efficaces

Le champ d'action de l'ONU est vaste puisqu'il couvre aussi bien des actions militaires, que des actions de désarmement ou des actions judiciaires et humanitaires.

Actions militaires  
Son importance est même parfois sous-estimée par certains, pensant qu’elle ne fût réellement efficace qu'après la guerre froide.
Et pourtant, ses actions militaires débutèrent dès les années 1950 avec la guerre de Corée. Suite au franchissement de la démarcation entre la Corée du Nord et du Sud par les Nord coréens, le conseil de sécurité de l’ONU décida de lancer une contre offensive contre la Corée du Nord. Cette contre offensive alla jusqu’à Séoul , la capitale, entraînant la signature de l’armistice en 1953, ce qui fût la première victoire de l’ONU.
Le 14 juillet 1960, l'ONU est intervenue en  Afrique, avec le lancement de l’Opération des Nations Unies au Congo. Dans ce pays où les tensions entre les minorités ethniques sont très grandes et s’intensifient avec la proclamation de l’indépendance du Congo, l’ONU décide d’envoyer ses forces militaires pour assurer le retrait des troupes belges et instaurer une démocratie.
En 1966, elle intervient aussi en Afrique du Sud pour octroyer l’indépendance à un territoire du Sud Ouest de l’Afrique, future Namibie, mais elle ne l’obtiendra qu’en 1990.
L’ONU s’est impliquée au Moyen-Orient après la guerre froide. En 1990, elle est intervenue dans la guerre du golf et l’embargo contre l’Irak pour apaiser les revendications de Saddam Hussein et pacifier ces régions très riches.
Toujours dans cette région, elle prendra partie dans la lutte contre le terrorisme menée par les Etats-Unis en Afghanistan, ce qui se traduit par des sanctions financières contre le pays qui refuse d’extrader Ousama Ben Laden.
L’ONU est intervenue avec succès au Cambodge en 1991 grâce au système de mise sous tutelle pour sécuriser le processus de pacification du pays et organiser de nouvelles élections.
Suite aux déclarations d'indépendance et à la disparition de la Yougoslavie, l'ONU intervient dans les Balkans. Elle décide,en 1992, l’envoi de sa force de protection en Croatie. Après l’intervention des casques bleus, la résolution du conflit s'organise grâce à la signature d’un accord de paix : les accords de Dayton.

Objectif de désarmement
Depuis sa création, l’ONU, dans le but de maintenir durablement la paix, prône une politique de désarmement importante. L’arrêt de la prolifération des armes de destruction massive fut donc l’un des principaux objectifs de son processus de paix.
L’ONU prend part depuis sa création, à toutes les négociations concernant le désarmement. Son action débute par la création de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) pour favoriser l’usage du nucléaire à des fins civiles plutôt que militaires. Suite à la création de l’AIEA, un traité sur la non-prolifération nucléaire fut proposé par les Etats-Unis et l’Union Soviétique et fut signé par 43 états le 1er juillet 1968.
Dans ce premier traité, le désarmement fut abordé dans l’article VI qui entend que tous les états signataires doivent négocier les clauses d’un arrêt de la course à l’armement et d’un désarmement total sous le contrôle des autorités internationales (ONU).  Puis l’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) fut signée le 24 septembre 1996 à New York.
Par la suite, d’autres traités complétèrent celui de non prolifération des armes de destruction massives comme celui interdisant la fabrication d’armes bactériologiques en 1972 puis chimiques en 1992. De plus, l’ONU ayant déjà réussi à faire adhérer ses états membres à ces traités, a réussi à rallier 156 états à la convention d’Ottawa le 3 et le 4 Décembre 1997 qui interdit l'acquisition, la production, le stockage et l’utilisation des mines antipersonnel.

La cour pénale internationale
L'ONU a créé le statut de la Cour Pénale Internationale (CPI) dans le but de juger les individus accusés de génocide, de crime contre l'humanité, de crime de guerre. Pour arriver à cet objectif, elle est devenue permanente. Son champ d'action s'étend à tous les états ayant ratifié le Statut de Rome le 17 juillet 1998.
Pour devenir effective, 60 ratifications du traité de Rome étaient nécessaires, c'est chose faite le 11 avril 2002.
La CPI entre en fonction le 1er juillet 2002, conformément à l'article 126 du statut de Rome.
Aujourd'hui, 144 états sont membres de la CPI.
La compétence de la CPI se "limite" aux faits postérieurs à l'entrée en vigueur de son statut (01/07/2002).
Quatre grands dossiers sont actuellement à l'étude pour des crimes commis en République Démocratique du Congo, en Ouganda, en République Centrafricaine et au Soudan (Darfour). Les 3 premiers dossiers ont été initiés à la demande des gouvernements concernés, le dernier à la demande du Conseil de Sécurité des Nations Unies.
Plusieurs autres affaires sont en cours d'analyse pour une éventuelle ouverture d'enquête.
Depuis le 1er juillet 2002, plusieurs centaines de plaintes ont été déposées.

Les casques Bleu a Haïti

Quand l'ONU manque d’efficacité (1) > Inefficacité de l’ONU pendant le conflit israélo palestinien

A la fin du 19ème, face aux persécutions subies, des mouvements sionistes décident de créer un foyer juif en Palestine mais ils se heurtent aux populations arabes voisines. En 1917, la Grande Bretagne qui dirige la Palestine, accepte, par la déclaration Balfour, l’idée d’un foyer juif sur ce territoire. Toutefois, la Grande Bretagne tente de limiter cette immigration dans l’entre deux guerres.

En 1945, après la Shoah, les mouvements d’immigration deviennent de plus en plus importants. La Grande Bretagne tente, en vain, de diminuer ces flux et de calmer ses voisins arabes. En Palestine, les mouvements et organisations sionistes se développent et organisent des attentats contre les britanniques, notamment celui du 22 juillet 1946 et l’explosion de l’hôtel King David à Jérusalem.

En juillet 1947, un navire baptisé Exodus 47 quitte l’Europe à destination de la Palestine avec à son bord près de 4500 juifs. Ces gens sont, pour la plupart, des survivants de camps. Le navire est stoppé par les troupes britanniques avant même son arrivée en Palestine. Ils sont débarqués par la force dans la zone d’occupation britannique en Allemagne et transférés dans des camps de personnes déplacées.
L’opinion publique s’émeut du sort de ces passagers, et des manifestations ont lieu dans de nombreux pays contre la politique britannique.


L’ONU se saisit de la question et crée une commission d’enquête, et recommande la fin de la mise sous tutelle britannique avec le partage de la Palestine entre un état d’Israël et un état palestinien. Jérusalem deviendrait une ville internationale.

Le 29 nov 1947, le partage est accepté par la majorité des pays de l’ONU et le 15 mai 1948, la naissance de l’état d’Israël est proclamée. Le nouvel état est reconnu par la communauté internationale mais les états arabes l’attaquent immédiatement. Les plans de médiation de l’ONU échouent.
La jeune armée israélienne arrive à stopper les différentes offensives et signe en fév/mars 1949 des armistices avec l’Egypte, la Transjordanie, le Liban et la Syrie.
Jérusalem se trouve coupée en 2 avec une partie israélienne et une partie palestinienne.

Les palestiniens, chassés de leur pays, sont obligés de s’exiler dans des camps au niveau des zones limitrophes de l’état hébreux en Syrie, en Egypte, en Jordanie et au Liban.


L’ONU se trouve alors dans une impasse et n’a plus qu’une solution : créer l’Office de Secours et de Travaux pour les Réfugiés de Palestine (UNRWA), chargé de soulager la précarité de la situation des populations palestiniennes. 

Evolution des territoires Palestinien et Israélien.



En vert : le territoire Palestinien
En blanc : le territoire Israélien 

Quand l'ONU manque d’efficacité (2) > D’autres exemples

A plusieurs reprises, l’ONU s’est retrouvée impuissante et son autorité mise à mal. Nous avons sélectionné quelques exemples parmi les plus marquants.

-         Lors du génocide du Rwanda en 1994
Dès 1992, des accords de paix sont signés entre les exilés du Front Patriotique Rwandais et le gouvernement rwandais : « les accords d’Arusta ». Pour aider le pays à s’organiser, l’ONU instaura une Mission des Nations Unies pour l’Assistance au Rwanda (MINUAR). Mais la situation qui ne cessa de s’aggraver finit par aboutir à une guerre civile en 1994 et au génocide des peuples tutsi et hutus avec plus de 800 000 rwandais tués.
L’ONU est accusée de ne pas s’être préoccupée dès le départ de la situation du pays et de ne pas avoir répondu dès les premiers conflits. La MINUAR a très rapidement manqué de moyens matériels, techniques et humains pour pouvoir être suffisamment efficace. En avril 1994, l’ONU n’accorde à la MINUAR qu’un effectif de 270 hommes.

-         Lors du conflit du Cachemire
Suite à l’indépendance des anciennes indes britanniques en 1947, on voit l’apparition de 2 états : l’Inde à majorité hindou et le Pakistan à majorité musulmane. A la frontière des deux états se trouve le Cachemire. Ce territoire, en crise, demande son rattachement à l’Inde. Mais le Pakistan juge que l’Inde n’a pas à intervenir et commence alors un conflit entre ces deux pays.
En pleine guerre froide, l’Inde se retrouve « soutenue » par l’URSS, et le Pakistan, par les Etats-Unis.
Le conflit indo-pakistanais dure maintenant depuis 60 ans, avec 3 guerres de 1948 à 1949, puis en 1965 et en 1971.
Malgré les résolutions de l’ONU en 1948 et en 1949, aucune solution stable n’a été trouvée pour le moment. Seule la Ligne de Démarcation fixée par les observateurs de l’ONU en 1972 est respectée, mais la tension entre les deux états reste palpable et un conflit est toujours proche. L’ONU ne parvient pas à instaurer un véritable dialogue entre les deux opposants.

-         L’Iran
En quatre ans, l’Iran a reçu 4 sanctions du Conseil de Sécurité. En effet, depuis 2006, l’ONU tente de convaincre l’Iran, de suspendre ses activités nucléaires sensibles. En effet, l’Iran faisant partie de l’AIEA, s’est engagé à ne pas développer le nucléaire militaire, et à accepter des contrôles sur ses programmes de nucléaire civil. Le problème est que depuis des années, l’Iran gêne ou bloque ces contrôles et l’aspect militaire de ses programmes semble assez évident.
Mais les condamnations de l’ONU sont ouvertement critiquées par le gouvernement iranien et son autorité est alors remise en cause.
Mahmoud Ahmadinejad, dirigeant iranien, n’hésite pas à comparer la résolution de 2010 à un « vieux kleenex qu’il fallait jeter à la poubelle ». L’Iran ne compte pas changer son programme nucléaire, comme l’a affirmé l’ambassadeur iranien à l’ONU, Mohammad Khazaee : « aucune pression ni aucune action malveillante ne parviendra à entamer la détermination de notre nation. L’Iran, en tant qu’un des pays les plus stables et les plus puissants de la région, ne s’est jamais incliné et ne s’inclinera jamais face aux actions hostiles et aux pressions de ces quelques puissances et continuera à défendre ses droits ».

            -         Haïti
En 2010, l'ONU s'est retrouvée dépassée par le séisme en Haïti. L'organisation a été incapable de coordonner l'aide humanitaire . C'est l'armée américaine qui a dû reprendre la gestion de la crise.


            -     La conférence de Copenhague
L'influence de l'ONU et sa place dans les relations internationales, sont bien souvent mal menées comme lors de la conférence de Copenhague sur le climat pendant laquelle les Etats-Unis et la Chine avaient conclu des accords séparés.

Synthèse sur l'efficacité de l'ONU

           L’action de l’ONU depuis sa création est incontestable. Comme toute organisation, elle détient des victoires et des échecs ? Il est important de noter que l’ONU est présente quasiment quotidiennement dans nos vies à travers l’OMS (et la validation de certains médicaments), l’OMC ou l’OIT. Mais elle œuvre aussi dans le développement culturel, de l’éducation grâce à l’Unesco. Son efficacité est donc bien avérée, l’Organisation n’est pas présente uniquement dans les pays pauvres ou en crise ….

Mais il lui reste difficile d’intervenir dans certains domaines avec efficacité et crédibilité quand elle ne dispose d’aucun moyen pour faire respecter ses décisions. On comprend donc "l’influence exercée par l’ONU peut être grande sur de petits états et faible sur de grands états".

Bien trop souvent, les intérêts des états interfèrent dans le bon fonctionnement des opérations. 

L'ONU aujourd'hui

Les actions actuelles de l'ONU

Aujourd’hui, l’ONU occupe une place non négligeable au sein des politiques internationales. Bien que, depuis sa création, la répartition de ses différents types d’actions ait changé depuis sa création, ses principales caractéristiques n’ont pas évolué et l’Assemblée générale reste le seul organe intergouvernemental qui soit universel. L’ONU rencontre un succès tel qu’en septembre 2005, la plus grande rencontre de dirigeants mondiaux a été organisée par l’assemblée générale dans le but de réaffirmer son rôle au centre de l’ONU.

Ses nouveaux objectifs

Face aux changements de notre société, l'ONU a adapté ses ambitions et s'est fixé des objectifs de type humanitaires avec, par exemple :
- réduction de moitié, entre 1990 et 2015, de la part de la population vivant avec moins de 1 dollar par jour, en fournissant des emplois décents et productifs ;
- scolarisation en cycle primaire et d'ici 2015, de tous les enfants, garçons et filles, du monde entier, sachant qu'une étude récente met en évidence la non-scolarisation de 11% des enfants de par le monde ;
- consolidation de l'égalité hommes-femmes par l'instauration de mesures spécifiques, dans les pays en voie de développement ;
- réduction de la mortalité infantile (72 décès pour 1000 naissances) en offrant aux pays en voie de développement, les moyens sanitaires de traiter les maladies des nourrissons, en éduquant les mères ;
- amélioration de la santé maternelle, question importante de nos jours (1 million d'enfants chaque année, devient orphelin de mère).

Lieux d’action de l’ONU

Les actions de maintien de la paix sont principalement en Afrique et en Amérique Centrale.

L’ONU est présente en Côte d’Ivoire pour une durée indéterminée, depuis 2004. Considérant que la situation du pays menace la paix et la sécurité internationales et agissant en vertu de la Charte des Nations Unies, le Conseil de sécurité crée, le 4 avril 2004, l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI). L’ONUCI remplace la Mission des Nations Unies en Côte d’Ivoire (MINUCI), mission politique créée en mai 2003 par le Conseil Général avec l’objectif de faciliter la mise en oeuvre par les parties ivoiriennes de l’accord de paix qu’elles ont signé en janvier 2003.
L’ONU s’est également implantée au Congo depuis les années 1999. Grâce à l’action de l’ONU, la République démocratique du Congo et cinq Etats de la région ont signé l´Accord de cessez-le-feu de Lusaka en juillet 1999. Pour maintenir une liaison entre toutes les parties à l´accord de cessez-le-feu, et pour s'acquitter de plusieurs autres tâches, le Conseil de sécurité a créé la MONUC en novembre 1999 constituée du personnel des Nations Unies dont le déploiement avait été autorisé par des résolutions antérieures.
L’ONU est aussi présente en Haïti dans le cadre de la MINUSTAH.  La Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti a été établie le 1er juin 2004 par la résolution 1542 du Conseil de sécurité. Cette mission avait été autorisée après le départ en exil du Président Aristide à la suite d'un conflit armé qui avait. touché plusieurs villes du pays. Le mandat de la MINUSTAH consiste à assurer un climat sûr et stable, à appuyer le processus politique en cour, à assister le Gouvernement. La présence de l'ONU en Haïti est aujourd'hui, a but plus humanitaire que politique. En effet, suite au tremblement de terre du 12 janvier 2010 et aux graves conséquences que celui-ci engendra, l’ONU a envoyé un soutien conséquent aux sinistrés avec pour objectif la résolution de la crise sanitaire et le maintien de l’ordre (voir les conséquences de cette opération dans la partie suivante).


Les limites

L’action de l’ONU se retrouve bien souvent face à des problèmes de fonctionnements internes ou à des problèmes liés à ses états membres et qui influent sur son efficacité.

         
Les problèmes internes

  • La bureaucratie : en grande majorité, les conflits qui nécessitent une intervention de l’ONU sont des conflits qui demandent à être traités avec une grande rapidité. Or la capacité de réaction de l’ONU est très contestable : pour que des opérations d’intervention soient financées, 6 mois peuvent être nécessaires, le temps de voter le budget et de débloquer les fonds ; environ 60 000 soldats de la paix sont engagés dans une quinzaine de missions et 500 fonctionnaires seulement en assurent la gestion.
Enfin la plupart des grandes puissances sont réticentes à l’envoi de leurs soldats sur le terrain, de longues phases de négociations sont nécessaires, à l’image des américains qui ont fixé des conditions draconiennes à l’envoi des casques bleus.
  • Le droit de véto : bien que celui-ci offre le droit à chaque état d’exprimer son mécontentement, il est de plus en plus critiqué. Dès le départ la divergence d’opinion a été un frein. En effet, dès 1947 et le début de la guerre froide, le monde est divisé en deux : l’est avec l’URSS et l’ouest avec les USA. Toute proposition du conseil de sécurité se retrouve alors rejetée par l’utilisation du droit de véto. Les occidentaux s’attachent avant tout aux droits civils et politiques (liberté religieuse, d’association,….) tandis que les états socialistes mettent l’accent sur le respect des droits sociaux (accès à l’éducation, …). Les débats n’aboutissent pas, aucune réelle avancée n’est réalisée. Avec le principe du droit de véto, le conseil de sécurité se retrouve vite paralysé.
  • Le budget : le budget de l’ONU en 2006 était de 3,8 milliards de dollars contre 5,6 milliards de dollars pour l’Union Européenne. Les Etats-Unis restent les plus gros contributeurs avec plus de 300 millions de dollars, puis le Japon avec 200 millions, l’Allemagne 100 millions, la France et le Royaume Uni moins de 10 millions. La moitié des ressources de l’ONU provient de la contribution volontaire des états membres.
Le budget des Nations Unies est très faible au regard de ses ambitions. Celui-ci ne permet pas d’agir efficacement sur tous les fronts, cela oblige donc l’ONU à « choisir » où agir. L’ONU, avec son budget restreint, reste très dépendante des états qui la finance. La question de la crédibilité se pose alors : à plusieurs reprises, l’ONU est allée dans le sens de ses contributeurs les plus importants et n’a pas sanctionné certaines actions qui transgressaient les avis du conseil de sécurité.

  
  Les problèmes liés aux états

·        L’égalité de tous les états : l’ONU, dès sa création, doit accepter en son sein, des pays qui ne sont pas exemplaires, le succès de sa mission supposant d’abord de rassembler un maximum d’états autour d’une même table afin de pouvoir contenir au mieux les ambitions de chacun et de prévenir les conflits. L’organisation va alors donner une voix égale à tous, aux dictatures comme aux démocraties. Cela va empêcher l’aboutissement de certaines propositions comme l’a montré Kofi Annan, secrétaire général des Nations Unies de janvier 1997 à décembre 2006, qui a suggéré de dissoudre la CDH, sensée défendre les intérêts de chaque individu alors que des pays comme le Soudan ou la Lybie y siègent.
L’ONU doit représenter et défendre les aspirations des peuples. Or, ce ne sont pas les peuples, mais les états qui y sont représentés.
·        Les infractions des états membres qui salissent la crédibilité de l’ONU : les membres permanents du conseil de sécurité ont, à plusieurs reprises, enfreint les règles imposées par l’ONU comme la Russie avec la Tchétchénie, les Etats-Unis avec la Yougoslavie. Ces agissements entachent la crédibilité de l’ONU.
·        Le poids des Etats-Unis : depuis l’administration Bush, les Etats-Unis restent l’état membre permanant qui a le plus ignoré les indications de l’ONU.
Après les attentats du 11 septembre, les infractions au droit international se multiplient sous prétexte que d’autres pays ne les respectent pas. En 2003, avec le soutien de l’Angleterre, les Etats-Unis entrent en guerre « contre le  terrorisme » en Irak sans l’accord du conseil de sécurité. Le manque d’autorité de l’organisation est alors évident. En 2004, Bush signe un ordre qui autorise la formation de commandos pouvant agir en dehors de toute loi internationale. La même année, le Wall Street Journal publie un mémorandum établi par les juristes du Pentagone, dévoilant la totale immunité judiciaire de tous les agents de sécurité du président : ils peuvent donc tout ignorer des mesures de l’ONU.
Washington pèse lourd dans les opérations de financement de gestion courante de l’ONU : en 2005, les contributions américaines représentent 22% du budget total : les Etats-Unis financent le Programme Alimentaire Mondial (PAM), les opérations de maintien de la paix,….
Ils interviennent également dans les problèmes administratifs de l’organisation via une cellule basée à Washington : ces conseillers sont chargés de contrôler l’action des hauts fonctionnaires de l’ONU.

Avenir et Réformes pour l'ONU

           La réforme de l’Organisation des Nations-Unies est rarement abordée dans les débats nationaux. Or, sans changements apportés depuis sa création, le fonctionnement de l’ONU, de son secrétariat, des agences, fonds et programmes, des différentes institutions spécialisées, est aujourd’hui au bord de l’implosion. Sans changement, l’ONU et ses ambitions ne correspondront plus aux réalités actuelles, dans les domaines économiques et sociaux.

La réforme la plus politique est celle qui concerne le Conseil de sécurité, à travers la question de son élargissement. Celui-ci ne représente plus, dans sa composition actuelle, le monde contemporain et ne tient pas compte du poids des puissances émergentes comme l’Inde ou le Brésil. La taille actuelle du Conseil ne reflète même pas la simple augmentation du nombre de membres de l’organisation (passé de 109 en 1963, date du dernier accroissement du nombre de membres du Conseil, à 192 en 2007). Le blocage de la réforme du Conseil de sécurité est largement lié aux différents points de vue des états membres et aux intérêts qui s’opposent quant à la taille du Conseil, à la possibilité ou non d’avoir de nouveaux membres permanents, aux restrictions apportées à l’usage du droit de véto.

On comprend donc que les états doivent impérativement limiter leur souveraineté au profit du bon fonctionnement de l’organisation et du respect de ses objectifs.

Pour réformer les institutions de l’organisation, il est indispensable de procéder à une révision de la Charte, mais il semble presque impossible d’obtenir la majorité des 2/3 des états membres et la non opposition du véto des 5 permanents.

          L’ONU doit retrouver une place à part entière sur la scène internationale. Pour garantir son efficacité, elle doit avant tout avoir une plus grande autorité. Il est important que les intérêts des états ne passent pas avant les intérêts des peuples. Le statut de l’organisation doit être redéfini.

Koffi Annan a été un des premiers à dire que l’ONU a besoin de réformes pour continuer à œuvrer. Dès juillet 1997, il présente son rapport « rénover les Nations-Unies : le programme pour la réforme ». Ce rapport n’ayant eu aucune conséquence sur l’organisation, il en présente un second en mars 2005, « dans une liberté plus grande : vers le développement, la sécurité et les droits de l’homme pour tous ». Le secrétaire général propose l’élargissement du conseil de sécurité à 24 membres contre 15 actuellement.
Koffi Annan voulait trouver des renforts et des espaces qui donneraient à l’organisation une véritable autonomie de moyens et de nouveautés. Il s’est, pour cela, appuyé sur les acteurs non étatiques, a précipité la convocation de forums internationaux et a réussi à saisir avec succès l’opinion publique.
Mais malgré tous ces efforts, aucune grande réforme n’a été engagée et le secrétaire actuel de l’organisation, Ban Ki-Moon, ne semble pas être aussi impliqué sur ce sujet.

Les autres réformes visent à améliorer la représentativité, la transparence et la démocratie à l’intérieur des organes de l’ONU.

Si aucune réforme n’est effectuée, l’organisation va perdre, petit à petit, la place qu’elle occupe. Des forums alternatifs, des groupes plus sélectifs sur un plan global ou régional, vont remplir le vide qu’elle créera.

Kofi ANNAN, Secrétaire général des nations unies de 1997 à 2006

Conclusion

L’Organisation des Nations Unies reste un ensemble très complexe.

Avec 6 organes principaux et de nombreux spécialisés, il est parfois difficile de savoir qui fait quoi. Les actions de l’ONU sont limitées. En effet, on constate que celle-ci est sensée être gardienne de la paix et de la sécurité, mais qu’elle ne dispose d’aucune force réelle de dissuasion et ne peut intervenir que dans des conditions bien précises, telles que spécifiées dans la Charte. Cette complexité au niveau de l’Organisation et le manque de moyens d’action empêche l’ONU d’être réellement efficace.
Bien qu’omniprésente dans notre vie, l’Organisation a montré à de nombreuses reprises, qu’elle pouvait se retrouver dans des situations d’échecs, soit par son manque de coordination, soit par l’action de ses membres qui cherchent à faire valoir leurs intérêts.
L’action de l’ONU est cependant présente dans de nombreux pays, mais ses limites, telles que son budget ou sa bureaucratie, la paralysent.
Enfin, la dépendance de l’ONU face aux états est un problème majeur et le non respect de ses recommandations par ses états membres porte atteinte à son autorité.

Il est important de réformer l’ONU qui n’a pas évolué depuis sa création.
Notre monde change, les conflits se multiplient, les mentalités évoluent, mais l’ONU, elle, reste la même. Pour continuer à garantir son efficacité, l’Organisation doit subir de profondes réformes de ses institutions et de son système de fonctionnement.
Mais les états ne vont-ils pas « bloquer » toute réforme de peur de perdre leur statut et leurs avantages, au risque de voir disparaître, petit à petit, l’Organisation des Nations Unies?

Interview

Pierre LANGERON, Maître de conférences à SciencesPo Aix


-Pensez vous que l’ONU dispose d’un réel pouvoir sur la scène internationale ?
Tout dépend de ce que l'on appelle "pouvoir". Habituellement, dans un Etat ou une entreprise, le pouvoir est le moyen dont dispose une autorité pour imposer sa volonté à des subordonnés. En ce sens l'ONU ne dispose d'aucun des moyens d'un tel pouvoir, et ceci pour deux raisons majeures :
    1/ la seule réalité juridique sur la scène internationale reste l'Etat, l'ensemble des 192 Etats existant aujourd'hui dans le monde ; l'ONU n'est pas un super-Etat - pas plus d'ailleurs que l'Union européenne !
    2/ une des qualités essentielles de l'Etat étant sa souveraineté ( cf la théorie classique de Jean Bodin, mais aussi le droit international ), l'ONU ne peut avoir qu'une action subsidiaire à celle des Etats.
Ces bases étant rappelées, beaucoup de nuances s'imposent. Car il existe bien d'autres pouvoirs sur la scène internationale. Considérez celui des entreprises multinationales, celui de l'argent, de la religion, etc. Considérez aussi celui de l'opinion : dès 1787, un Anglais, Edmund Burke, qualifiait la presse de "quatrième pouvoir" ; il ne parlait que des journaux... ; que dire aujourd'hui avec l'ensemble des médias, Internet, etc? Le poids de l'opinion est devenu très important dans la vie internationale, et tous les Etats se préoccupent de leur image - pour des raisons diverses, mais concordantes. A cet égard, l'ONU et ses "institutions spécialisées" occupent une place éminente : piliers d'un ordre mondial basé sur de nombreuses conventions internationales. Deux exemples : la seconde guerre du Golfe, engagée sans l'accord de l'ONU au contraire de la première ( un Etat avait envahi un autre Etat ) ; et ces jours-ci, la situation de la Côte d'Ivoire. Gardienne et garante d'un ordre international fondé sur le droit et non plus sur la force ou la puissance, l'ONU est devenue par là-même une autorité morale qui définit ce qui est bien et ce qui est mal au regard de ce droit ( un parallèle simple : le droit pénal définit ce qu'il ne faut pas faire, par exemple en matière de droits de l'homme ; en ce sens, le droit définit une morale ).
Une dernière précision : si les Etats fondateurs n'ont pas voulu doter l'ONU d'une véritable armée internationale, ils ont prévu le célèbre chapitre VI de la Charte ( http://www.un.org/fr/documents/charter/ ) qui permet des sanctions civiles, économiques et même militaires ( les célèbres "opérations de maintien de la paix", avec les "casques bleus" ou "casques blancs" : http://www.un.org/fr/peacekeeping/ ).

-Les forces /pouvoirs dont dispose l’ONU sont-ils suffisants pour lui permettre d’exercer une réelle influence ?
Si je vous réponds de manière réaliste, cette influence peut être grande sur de petits Etats, et faible sur les grands Etats... Ceci étant, les opérations de maintien de la paix, par exemple, ont souvent été efficaces ( les plus célèbres sont rarement les plus importantes ! ).
Ce qui est vraiment contesté depuis quelques décennies, c'est la dimension universelle de l'ONU et de ses valeurs : dans de nombreuses parties du monde, elles sont perçues comme une emprise de l'Occident aux dépens d'autres cultures ; pour des raisons historiques, anthropologiques ou religieuses, le monde n'est pas un, mais pluriel. A titre très personnel, j'ajoute ce que j'appelle un "effet boomerang": nous avons tellement plaidé en Occident la protection des "minorités" que celles-ci nous demandent aujourd'hui d'être logiques : l'égalité de l'homme et de la femme n'existe que dans l'Occident chrétien, la démocratie n'est qu'une manière de gérer une société, la loi religieuse peut l'emporter sur la loi civile, etc. A cet égard, les moyens de l'ONU ( cf supra ) sont modestes et fragiles, et son autorité dépend avant tout de l'importance que l'on veut bien lui accorder.

-Selon vous l’ONU est elle réellement écoutée par ses membres, son avis est il pris en compte ?
 Ecoutée, l'ONU l'est vraiment, et même avec une extrême attention. Est-elle entendue ? La réponse est beaucoup moins évidente. Il demeure certain qu'un Etat n'hésitera jamais à s'appuyer sur une position de l'ONU ... lorsqu'elle va dans son sens.

-Pour la quatrième fois en 4 ans le conseil de sécurité de l’ONU a sanctionné l’Iran pour son programme nucléaire. Est ce pour vous un exemple qui montre que l’ONU a un problème à se faire respecter ?
C'est un des aspects de la question, en effet, mais pas le seul. En simplifiant : l'Iran est membre de l'AIEA depuis 1958, et dans ce cadre, s'est engagé à ne pas développer le nucléaire militaire et à autoriser des contrôles sur ses programmes nucléaires civils. L'Iran depuis des années gêne ou bloque ces contrôles, et l'aspect militaire de ses programmes semble assez évident. En droit donc, l'Iran est en infraction par rapport à ses engagements, d'où la possibilité juridique de sanctions. Mais il est difficile d'aller trop loin, car il suffirait alors que l'Iran quitte l'AIEA pour se retrouver entièrement libre... Comment garder un oiseau dans une cage dont la porte est ouverte ?

-Pouvons nous dire que l’ONU se trouve sous l’emprise des Etats-Unis ? Perd elle alors de son pouvoir, de sa neutralité, de son influence ?
Il n'existe pas de réponse positive ou négative ; la réalité est infiniment plus complexe. D'une part, les Etats-Unis sont les principaux contributeurs financiers de l'ONU, et d'autre part ils restent à ce jour la première puissance de la planète. Certes en droit, un Etat a le même poids qu'un autre : un Etat, une voix. Mais peut-on dire que la voix de Nauru ou de Kiribati a le même poids ? Par ailleurs, les USA représentent largement ces valeurs occidentales que nous croyons universelles : cf la puissance de CNN, des films, des modes etc.qui conquièrent même la Chine !
Dans le même temps, il existe deux obstacles majeurs à l'emprise des USA sur l'ONU : d'une part à l'Assemblée générale, les Etats-Unis ne disposent que d'une voix, et pendant des décennies, ce sont les pays en développement ( nouvellement décolonisés ) qui y étaient majoritaires ; d'autre part au Conseil de sécurité, 4 autres Etats sont membres permanents et disposent d'un droit de veto : sans l'accord de la Russie ( pensez à l'époque de la guerre froide ! ) et sans la Chine par exemple ( pensez à celle de Mao hier comme à celle de Hu Jintao aujourd'hui ), les Etats-Unis ne peuvent rien...
La diplomatie républicaine, ultra-réaliste, a longtemps privilégié ce qu'on appelle pudiquement "unilatéralisme" ( en clair : on se passe de l'ONU et on en n'attend rien ). La diplomatie démocrate est beaucoup plus multilatérale.
Un dernier point : l'idéal d'une ONU "neutre" ne peut exister ; dès qu'on prend une décision, on s'engage, dans un sens ou dans un autre. Ce terme a pu être utilisé à l'époque de la guerre froide, où un Etat était d'un camp ou d'un autre ; d'où la réaction de certains Etats qui voulaient n'appartenir ni à un monde, ni à l'autre ( d'où l'expression Tiers Monde, le "troisième monde" ; les grands leaders: Nehru,Nasser, Tito ; cf la célèbre conférence de Bandoeng en 1955 ). Plutôt que "neutre", il conviendrait mieux de dire : "soumis aux règles internationales", l'ordre internatinal se définissant comme la soumission à des règles acceptées en commun ( les conventions internationales, dont la Charte de l'ONU, que les Etats ont acceptées et qu'ils se sont engagés à respecter ).

-Que pensez vous de l’efficacité de l’ONU jusqu’à aujourd’hui ?
La mondialisation galopante est un fait qui avait beaucoup réduit le rôle et le pouvoir des Etats, et donc de l'ONU qui les rassemble : considérez la difficulté à gérer la crise économique ou le terrorisme. Il y a une dizaine d'années, il était même question pour certains de supprimer l'ONU, qu'ils jugeaient devenue inutile. Le 11 Septembre autant que la crise dans laquelle nous nous enfonçons ont rappelé à tous que le rôle des Etats et de leurs organisations internationales restait essentiel : l'ultralibéralisme est mort, pas la mondialisation ; ce sont les populations ( sinon tous les politiques ou les "intellectuels" ) qui demandent avec insistance le retour à plus de régulation étatique et surtout internationale : ONU, FMI, OMC, OMS etc. ont un bel avenir devant elles !


-Selon vous, l’ONU aurait-elle besoin d’être réformée pour être plus efficace ?
La question a ouvertement été posée par le précédent Secrétaire général de l'ONU, M. Koffi Annan. Comme toute institution, elle a besoin d'évoluer car le monde autour d'elle évolue. C'est la base de toute sociologie des organisations. Bien des aspects de l'ONU sont en question : les structures, les moyens, la liste et les moyens des membres permanents, etc.
Le Sommet du Millénaire devait être l'aboutissement de toutes ces réflexions; il n'en est rien sorti. Car les vainqueurs de la seconde guerre mondiale, improprement appelés aujourd'hui encore " les Cinq grands", ne souhaitent pas perdre leur place privilégiée et donc leur importance ; or leur accord est nécessaire pour modifier la Charte... Pour ne parler que de la France, elle perdrait ce qui lui reste de poids international si elle perdait son siège de membre permament et son droit de veto.

-Selon vous l’ONU dispose t-elle d’une réelle influence ? Pourquoi ?
*si oui : grâce à quels moyens ? Pouvez vous nous donner des exemples.
*si non : que lui manque t-elle ? Pouvez vous nous donner des exemples.
La réponse aux questions précédentes devrait suffire à vous éclairer. Quant aux exemples : les condamnations pleuvent sur le Soudan, aucune sur Israël ( qu'il s'agisse du conflit avec les Palestiniens ou de la possession de l'arme nucléaire, tout aussi illégale que pour l'Iran ou l'Inde ! ) ou la Russie ( à propos de la Tchétchénie ou des droits de l'homme ) ; à l'inverse, les tribunaux internationaux mis en place pour l'ex Yougoslavie ( TPIY ) ou le Rwanda (TPIR ), la Cour Pénale internationale, les tribunaux internatinaux en Sierra Leone, au Cambodge et au Liban sont de beaux exemples de sanctions de l'ordre international. Enfin, ne jamais oublier la fonction officieuse et informelle de "forum" que joue l'ONU, et qui permet des rencontres et des négociations même entre belligérants, comme aux pires moments de la guerre froide.

-Quelles raisons pourraient selon vous limiter l’influence que possède l’ONU ?
A défaut de les énumérer toutes, au moins deux. Tout d'abord, les effets de la mondialisation ( cf supra ) en ce qu'elle réduit considérablement le pouvoir et donc les moyens d'action communs des Etats. D'autre part, comme je l'ai déjà souligné, la remise en cause de l'universalisme et la montée en puissance des régionalismes ( cf l'Union européenne, mais aussi les Etats musulmans, les Etats du Sud qui mènent une véritable guerre économique et politique aux deux forteresses occidentales que sont les Etats-Unis et notre Union européenne ).

Voici quelques éléments sommaires de réponse. Chacune de vos questions, pertinentes par ailleurs, mériterait de très amples développements. Si vous le souhaitez, je reste volontiers à votre disposition pour préciser ou illustrer davantage. En tout cas, je vous encourage à la documentation et à la réflexion sur un sujet aussi important pour l'avenir de chacun, et le vôtre en tout premier lieu.
Il me reste à vous souhaiter bon courage pour le travail que vous avez entrepris, et aussi à vous présenter mes voeux les meilleurs de joyeux Noël et de belles fêtes de fin d'année, en même temps qu'une bonne et heureuse année nouvelle.

Merci !

Nous tenons à remercier M. Langeron d'avoir pris le temps de répondre à nos questions.
Ses réponses nous ont permis de mieux cerner notre sujet, parfois complexe, et d'obtenir des exemples différents ainsi qu'un autre point de vue. 

Bibliographie

Livres :

Ø     « 99 questions sur… Les relations internationales de 1945 à 1989 »
De Sylvain WAGNON-CHARPY, professeur agrégé à l’IUFM de Versailles, docteur en histoire contemporaine.
Paru en 2006 par le SCEREN (Service Culture, Editions, Ressources pour l’Education Nationale) et l’académie de Montpellier.
Des informations pour comprendre le contexte historique pendant la guerre froide et les principales actions menées durant cette période ainsi que sur :
-         la Charte des Nations Unies
-         l’action de l’ONU pendant la guerre froide
-         la création d’Israël


Ø     « Que sais-je ? L’ONU »
De Frédérique MESTRE-LAFAY, alors maître de conférence à l’université de Strasbourg
Paru en 2009  collection Encyclopédique du PUF (Presses Universitaires de France)
Des informations permettant de comprendre la création de l’ONU, son organisation et ses différents types d’actions.

Périodiques ( principalement sur la réforme de l’ONU) :

Ø     Problèmes Economiques (n°2960) et le dossier « Réformer l’ONU : mission impossible ? »
De Jean-Marc CHATAIGNIER, alors directeur de cabinet du secrétaire d’Etat chargé de la coopération et de la Francophonie
Paru  en 2008 dans « La Revue française d’administration publique » pour la 1ere fois et repris dans le magazine en décembre 2008.

Ø     Courrier International (n°899) et l’article  « Les Nations Unies en voie de guérison »
L’auteur n’est pas précisé,
Paru pour la première fois dans : The Economist,  revue anglaise. Paru dans Courrier International en Janvier 2008.

Ø     Le Monde Diplomatique (n°631) et l’article « Droits de l’homme, une réforme en demie-teinte »
De Philippe TEXIER, alors magistrat, membre du Comité des droits économiques, sociaux et culturels de l’Organisation des Nations unies,
Paru en Octobre 2006.

Sites utilisés

Ø        http://www.un.org/
Sites des Nations unies pour l’ensemble des informations concernant : la création de l’ONU, son fonctionnement, sa Charte, la DUDH et les différentes actualités.

Les différentes dates clés de la création de l’ONU.

Informations sur les principes et les buts de l’Organisation ainsi que sur la Charte.

Informations sur la création de l’ONU.

Informations sur la DUDH.

Dossier du Monde avec des informations sur les moyens d’actions.

Dossier sur le site de La documentation francaise. Informations portant sur : le rôle de l’ONU, l’évolution de ses missions, l’intervention de l’ONU et  les questions pour une réforme.

Discussion entre des internautes et  Pascal BONIFACE, directeur de l’IRIS
De nombreuses explications simples sur les débats actuels de l’ONU, ainsi que sur la réforme.

Explicationsdu conflit au Rwanda et action de l’ONU.
Exemples de critiques faites à l’ONU sur ce sujet.


Ø        http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/inde-pakistan/cachemire.shtml
Dossier sur le conflit du Cachemire et l'action de l'ONU