Les limites

L’action de l’ONU se retrouve bien souvent face à des problèmes de fonctionnements internes ou à des problèmes liés à ses états membres et qui influent sur son efficacité.

         
Les problèmes internes

  • La bureaucratie : en grande majorité, les conflits qui nécessitent une intervention de l’ONU sont des conflits qui demandent à être traités avec une grande rapidité. Or la capacité de réaction de l’ONU est très contestable : pour que des opérations d’intervention soient financées, 6 mois peuvent être nécessaires, le temps de voter le budget et de débloquer les fonds ; environ 60 000 soldats de la paix sont engagés dans une quinzaine de missions et 500 fonctionnaires seulement en assurent la gestion.
Enfin la plupart des grandes puissances sont réticentes à l’envoi de leurs soldats sur le terrain, de longues phases de négociations sont nécessaires, à l’image des américains qui ont fixé des conditions draconiennes à l’envoi des casques bleus.
  • Le droit de véto : bien que celui-ci offre le droit à chaque état d’exprimer son mécontentement, il est de plus en plus critiqué. Dès le départ la divergence d’opinion a été un frein. En effet, dès 1947 et le début de la guerre froide, le monde est divisé en deux : l’est avec l’URSS et l’ouest avec les USA. Toute proposition du conseil de sécurité se retrouve alors rejetée par l’utilisation du droit de véto. Les occidentaux s’attachent avant tout aux droits civils et politiques (liberté religieuse, d’association,….) tandis que les états socialistes mettent l’accent sur le respect des droits sociaux (accès à l’éducation, …). Les débats n’aboutissent pas, aucune réelle avancée n’est réalisée. Avec le principe du droit de véto, le conseil de sécurité se retrouve vite paralysé.
  • Le budget : le budget de l’ONU en 2006 était de 3,8 milliards de dollars contre 5,6 milliards de dollars pour l’Union Européenne. Les Etats-Unis restent les plus gros contributeurs avec plus de 300 millions de dollars, puis le Japon avec 200 millions, l’Allemagne 100 millions, la France et le Royaume Uni moins de 10 millions. La moitié des ressources de l’ONU provient de la contribution volontaire des états membres.
Le budget des Nations Unies est très faible au regard de ses ambitions. Celui-ci ne permet pas d’agir efficacement sur tous les fronts, cela oblige donc l’ONU à « choisir » où agir. L’ONU, avec son budget restreint, reste très dépendante des états qui la finance. La question de la crédibilité se pose alors : à plusieurs reprises, l’ONU est allée dans le sens de ses contributeurs les plus importants et n’a pas sanctionné certaines actions qui transgressaient les avis du conseil de sécurité.

  
  Les problèmes liés aux états

·        L’égalité de tous les états : l’ONU, dès sa création, doit accepter en son sein, des pays qui ne sont pas exemplaires, le succès de sa mission supposant d’abord de rassembler un maximum d’états autour d’une même table afin de pouvoir contenir au mieux les ambitions de chacun et de prévenir les conflits. L’organisation va alors donner une voix égale à tous, aux dictatures comme aux démocraties. Cela va empêcher l’aboutissement de certaines propositions comme l’a montré Kofi Annan, secrétaire général des Nations Unies de janvier 1997 à décembre 2006, qui a suggéré de dissoudre la CDH, sensée défendre les intérêts de chaque individu alors que des pays comme le Soudan ou la Lybie y siègent.
L’ONU doit représenter et défendre les aspirations des peuples. Or, ce ne sont pas les peuples, mais les états qui y sont représentés.
·        Les infractions des états membres qui salissent la crédibilité de l’ONU : les membres permanents du conseil de sécurité ont, à plusieurs reprises, enfreint les règles imposées par l’ONU comme la Russie avec la Tchétchénie, les Etats-Unis avec la Yougoslavie. Ces agissements entachent la crédibilité de l’ONU.
·        Le poids des Etats-Unis : depuis l’administration Bush, les Etats-Unis restent l’état membre permanant qui a le plus ignoré les indications de l’ONU.
Après les attentats du 11 septembre, les infractions au droit international se multiplient sous prétexte que d’autres pays ne les respectent pas. En 2003, avec le soutien de l’Angleterre, les Etats-Unis entrent en guerre « contre le  terrorisme » en Irak sans l’accord du conseil de sécurité. Le manque d’autorité de l’organisation est alors évident. En 2004, Bush signe un ordre qui autorise la formation de commandos pouvant agir en dehors de toute loi internationale. La même année, le Wall Street Journal publie un mémorandum établi par les juristes du Pentagone, dévoilant la totale immunité judiciaire de tous les agents de sécurité du président : ils peuvent donc tout ignorer des mesures de l’ONU.
Washington pèse lourd dans les opérations de financement de gestion courante de l’ONU : en 2005, les contributions américaines représentent 22% du budget total : les Etats-Unis financent le Programme Alimentaire Mondial (PAM), les opérations de maintien de la paix,….
Ils interviennent également dans les problèmes administratifs de l’organisation via une cellule basée à Washington : ces conseillers sont chargés de contrôler l’action des hauts fonctionnaires de l’ONU.